Hard Truths
Mike Leigh, GB, Spanien, 2024o
Pansy ist von körperlichen und seelischen Schmerzen geplagt: Ihre Beziehung zur Welt drückt sich nur durch Wut und Konfrontation aus. Ihr Mann Curtley weiss nicht mehr, wie er mit ihr umgehen soll, und ihr Sohn Moses lebt in seiner eigenen Blase. Nur ihre Schwester Chantelle versteht sie und kann ihr helfen.
Le réalisateur Mike Leigh, vétéran du «New British Cinema», est connu pour sa méthode de travail: ses films se développent à partir d’une atmosphère, antérieure à tout embryon d’histoire et à toute esquisse de personnage. Dans Hard Truths, l’atmosphère qui imprègne le récit est un mélange d’aigreur et de solitude. Autant dire qu’on se sent à l’étroit dans ce film aux intérieurs aseptisés, dont les couleurs blafardes reflètent la morosité dans laquelle évoluent les personnages. Parmi ces derniers se détache Pansy: cette cinquantenaire issue de la classe dite moyenne n’a pas la vie facile, et ne contribue pas à rendre celle de ses proches plus légère que la sienne. En proie à des troubles psychiques, elle ne supporte pas la moindre trace de saleté – la maison qu’elle partage avec son mari et son fils est d’une propreté clinique – et témoigne envers son entourage d’une acariâtreté sidérante. Chronique de son quotidien, le film est ponctué de scènes de pétage de plomb au cours desquelles, souvent pour un rien, Pansy déverse sur les autres sa haine de la vie. Figure radicalement inadaptée au monde, Pansy est aussi antipathique que fascinante: l’énergie qu’elle met à témoigner son rejet de tout ce qui l’horripile – la liste est longue – force le respect. Les origines de cette pathologie resteront un mystère: Mike Leigh ne cherche pas à «résoudre» ce personnage en colère contre tout; il l’explore patiemment, le temps d’un film à la dramaturgie lâche – à force, on en vient même à éprouver une forme d'empathie pour cette figure imperméable à tout compris. Contrepoids à l’aigreur de Pansy, la sœur de cette dernière, Chantelle, fait preuve d’un enthousiasme solaire. Hard Truths oppose de façon quelque peu schématique les deux familles: si une tristesse sourde s’est abattue sur le domicile de Pansy, les deux filles de Chantelle témoignent d’une gaieté à toute épreuve. Dans une des plus scènes du film, les deux sœurs au tempéraments opposés se recueillent sur la tombe de leur mère. Des larmes coulent sur les joues de Pansy. Un bref instant, sa colère se relâche. Le monde semble, durant quelques secondes, presque vivable.
Emilien Gür