La belle de Gaza
Yolande Zauberman, Frankreich, 2024o
In Tel Avivs Hatnufa-Strasse treten sie aus dem nächtlichen Dunkel ins sinistre Licht, stark geschminkt, aufreizend gekleidet. Mit tiefer Stimme sagt eine/r der Schemenhaften, «Hier kann ich sein, wie ich bin, anderswo würde ich von Dächern gestossen oder erschossen». Das Ich bedeutet hier trans, das Anderswo Gaza oder die Westbank. Hinter der Szenerie schleichen Autos vorbei, Männer lungern umher und einem Gerücht wird nachgespürt: Wer ist die Transfrau, die zu Fuss die siebzig Kilometer von Gaza bis an die Hatnufa-Strasse zurückgelegt hat?
Tendre, dangereuse, violente, libératrice est la nuit. Nuit sans sommeil, où les corps s’exposent aux regards et à la convoitise. Nuit où le plaisir se monnaie. C’est dans cette nuit-là, quelque part à Tel-Aviv, que le documentaire de Yolande Zaubermann La belle de Gaza puise sa matière, diamant brut extrait du réel pour mettre fin au silence qui, comme chacun·e le sait, est d’or. Silence qui entoure de son voile d’opprobre les corps trans, invisibles le jour et que la nuit révèle. Le film débute comme une enquête, lancé sur les traces d’une légende urbaine : une jeune femme trans serait venue à pied de Gaza à Tel-Aviv, au péril de sa vie menacée. Durant ses recherches, au fil des nuits, la cinéaste française rencontre plusieurs femmes transgenres, dont elle filme les visages et enregistre la parole. Elles s’appellent Israela, Nadine ou Danielle et sont prostituée, ex-femme de rabbin ou ancienne Miss Trans Israel. Leurs histoires mêlent le rejet et l'affirmation, le sang et les larmes, la détresse et l’espoir. Au bout de la nuit, comme une promesse que cette machine à illusions que l’on nomme cinéma saurait tenir pour une fois, leur dignité retrouvée.
Emilien Gür